Des Jeux Olympiques catastrophiques pour l’activité économique ! Défendons le numerus clausus du taxi, garant de son équilibre.

Été 2024 : les chiffres d’ADP démontrent entre autres une chute de l’activité du taxi aux aéroports parisiens. 

 

Une économie fragile 

Le contexte international a déjà ralenti l’activité économique depuis plusieurs mois. Tous les taxis ont pu le constater notamment depuis octobre 2023. Les perspectives économiques avec une période d’hyperinflation et aujourd’hui de remontée des taux d’intérêt sont moroses. La Banque mondiale reste ainsi très prudente sur les perspectives de croissances et alerte sur les « risques baissiers prédominants »1 pour 2024 et 2025. 

 

Malgré ces nombreuses incertitudes et les récentes leçons reçues (épisode du coronavirus en 2020 et 2021 qui a stoppé net l’économie mondiale) qui ont démontré que le système économique mondial était instable, fragile et sous perfusion de l’argent public, notre autorité de tutelle, avec la complicité de certaines organisations professionnelles, prend la lourde responsabilité de déréguler le taxi en cassant chaque année un peu plus le numerus clausus. 

 

Respect du numerus clausus 

C’est pourtant cette garantie d’équilibre de notre secteur, le maintien de notre nombre, qui a fait ses preuves depuis 1937 et qui est même aujourd’hui réclamé par les « libéraux » VTC2 qui se plaignent de leur trop grand nombre. Malheureusement depuis 2002 la préfecture de Police n’a de cesse que de casser cet équilibre précaire en jouant sur les intérêts des uns (collègue en attente d’une licence gratuite) ou des autres (loueurs qui espèrent également bénéficier de nouvelles licences gratuites et plateforme de mise en relation). Une seule organisation s’oppose avec constance à cette dérégulation forcenée qui met en danger notre profession : les Cochers Chauffeurs CGT-Taxis. La hausse inconsidérée du nombre de taxi explique en grande partie la nécessité de multiplier les heures pour pouvoir tenter d’obtenir un revenu décent au mépris de leur santé, de leur vie de famille et de leur sécurité. 

 

+ 34 % de taxis en 22 ans ! Pourquoi ? 

Pour mémoire, pour le taxi parisien, la préfecture de Police a créé quasiment deux mille nouvelles licences entre 2019 et 2024 (+1 981 licences, de 17 924 à 19 905), soit +11 % d’augmentation ! Si l’on remonte à 2002 c’est plus de 5 000 licences qui ont été créées, soit +34 % ! Ces augmentations ont été décidées sans aucunes justifications basées sur des données factuelles convaincantes, au mieux cela s’est fait sur un « indice économique » très imprécis, au pire ce sont les avis des uns et des autres du genre « café du commerce » où chacun pense que son avis ou son expérience personnelle lui permet de décider du sort de dizaines de milliers de travailleurs. 

 

Et l’impact du VTC ? Du télétravail ? De la ligne 14 ?… 

Ce qui rajoute de la gravité à ces mesures structurelles c’est que ces décisions d’augmentations ont été prises sans tenir compte de l’environnement global du transport. Or, cela s’est fait en parallèle de l’augmentation du nombre de VTC qui seraient aujourd’hui plus de 47 000 en France3. Rappelons que la création des VTC en 2009 sous Sarkozy avait comme finalité de contourner le numerus clausus des taxis. De même, le développement dans le monde depuis le Covid du télétravail (et donc d’une limitation des déplacements) n’est pas pris en compte. Nous pouvons également citer les nombreux projets des transports publics connus de longue date et que la CGT-Taxis ne cessait d’évoquer, comme la ligne 14 ou le CDG Express dès 20274. A tous ces indicateurs d’une baisse évidente d’activité et qui auraient du alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de préserver notre numerus clausus s’ajoute la baisse de la population parisienne5 6. La Préfecture de police et les organisations professionnelles favorables à cette hausse continuelle du nombre de taxi font comme si ces données, ces nouvelles offres de transports, le télétravail n’avaient aucune répercussion sur l’activité du taxi. 

 

 

Quand la réalité nous rattrape : – 37 % de part de marché pour les Taxis à Orly (juillet 2024) 

Aucun de ces indicateurs pourtant fondamentaux n’est pris en compte. Il suffit pourtant d’ouvrir les yeux. Aujourd’hui, ce sont les données d’ADP Orly qui viennent nous alerter sur l’absurdité de cette politique d’augmentation du nombre de taxi qui est d’ailleurs une spécificité parisienne. Cela met également en évidence à la fois le désastre JO 2024 mais aussi l’impact du développement des transports en commun sur notre activité. 

 

Juillet 2024 à Orly : deux fois moins de taxi mais deux fois plus d’attente ! 

Le premier constat est celui d’une baisse d’activité vertigineuse en ce mois de juillet 2024 alors que les autorités, le patronat du taxi déjà en extase après le cadeau de 652 licences gratuites, et de brillants journalistes économiques7 nous annonçaient une activité jamais vue. Ils avaient à moitié raison. Nous n’avions jamais vu cela : aussi peu d’activité pour un mois de juillet ! C’est donc bien du jamais vu mais dans le mauvais sens du terme. En juillet-août 2023, la base arrière enregistrait environ 140 000 passage/mois. En 2024, nous sommes passés à moins de 100 000 passages/mois ! Soit une baisse d’environ 40 % !

 

Et malgré cette baisse de fréquentation de la base, les temps d’attentes ont été multipliés par plus de deux ! La moyenne du temps d’attente en juillet est passée de 40 minutes en 2023 à 1 h 32 en 2024, soit plus de 130 % d’attente !

 

Le constat est donc accablant sur une baisse d’activité de grande importance qui démontre la gestion à l’aveugle du taxi par les autorités qui avaient augmenté notre nombre de presque 800 licences pour ce non-événement économique que sont les JO pour les petits acteurs que nous sommes. 

Mais ça n’est pas le seul motif d’inquiétude car ce que nous montrent les chiffres d’ADP c’est que non seulement notre activité a chuté en nombre, mais nous avons également perdu en part de marché au profit de la ligne 14 du métro. Ainsi sur Orly, au mois de juillet 2024, l’activité taxi perd trois points sur sa part de marché, soit une baisse de 37 % ! Nous passons en effet, d’après les statistiques d’ADP, de 8 % (juin 2024) à 5 % (juillet 2024) sur l’activité taxi à Orly. Cela démontre une fois de plus l’absence de vision de nos autorités qui ne procède à aucune étude d’impact malgré les demandes répétées de la CGT-Taxis. 

 

 

C’est bien sûr un été particulier mais celui-ci nous montre qu’il faut tirer les leçons de ces situations et cesser de prendre des mesures pour le taxi sans tenir compte de la réalité économique du taxi. Il faut absolument défendre le numerus clausus, véritable garant de notre survie et tant envié par les VTC qui ont vite compris les méfaits du libéralisme, eux qui ont servi d’instrument pour déréguler le transport de personne au profit des multinationales. 

 

Le secrétariat 

06/11/2024