
L’accord salarial de la honte !
Chaque année, les organisations professionnelles du taxi sont censées mettre à jour les grilles de salaires du taxi. La CGT-Taxis a ainsi signé le premier accord national du 12 décembre 2018 car celui-ci posait alors un cadre inédit pour les salaires constituant une véritable avancée sociale pour le secteur. Malheureusement depuis 2018, les négociations n’avancent plus, au contraire puisque aujourd’hui les premiers niveaux de salaires de la grille conducteurs sont inférieurs au SMIC légal !
Les différentes propositions patronales depuis 2018 étaient de notre point de vue indécentes, à la fois pour les salariés de ces entreprises mais aussi pour la branche TAXI qui perd année après année son attractivité avec des grilles de salaires qui frôlent les minimums légaux quand elles ne sont pas en dessous… Les propositions de la CGT de relever les niveaux de salaires en tenant compte des chiffres d’affaires des entreprises subventionnées pour la plupart par la CPAM ont toujours été décriées lors de ces négociations.
Le dernier de ces accords du 12 décembre 2024 mis à signature franchit un nouveau pallié dans l’indécence et c’est la raison pour laquelle la CGT ne le signera évidemment pas, comme l’UNT d’ailleurs, une fédération artisanale patronale qui a elle aussi refusé de le signer tant cet accord est médiocre ! C’est tout à son honneur !
Avec cet « accord », aucun intérêt à être taxi !
Ainsi, cet accord signe la fin de la reconnaissance de la carte professionnelle taxi puisqu’un chauffeur débutant sera payé au salaire minimum légal qu’il ait ou non la carte taxi ! Quel intérêt de passer le permis taxi si cela n’améliora pas son salaire ? Cette non-reconnaissance de la qualification taxi est un non-sens de la part des fédérations signataires.
Mais les signataires vont encore plus loin puisqu’un taxi avec deux ans d’expérience sera moins rémunéré qu’un salarié sans carte pro taxi ayant lui aussi deux ans d’expérience ! Donc pour ces fédérations de taxis signataires, moins vous avez de qualifications, plus vous êtes payés ! Aucun intérêt donc à passer sa carte pro ou à rester dans ce secteur.
Même si l’écart est très relatif (+ 0,84 % par rapport au SMIC soit environ 12€ nets par mois), le principe est réaffirmé : la qualification professionnelle taxi n’est plus reconnue par les signataires, elle est méprisée ! Il est évident que ni les intérêts des salariés ni les intérêts du taxi n’ont motivé les rédacteurs et signataires de cet « accord ».
Enfin, cet accord de 2024 remet en cause les principes fondateurs qui avaient pourtant été fixés dans le premier accord de 2018 :
Extrait de l’article 4 du premier accord salarial national taxi du 12 décembre 2018
« […] le principe du maintien d’un écart de rémunérations entre les échelons et niveaux afin de permettre d’une part un non-écrasement de ces dernières et de préserver d’autre part les diplômes, titres, certifications et expérience professionnelle des salariés. […] »
L’écart de rémunération comme nous venons de le voir n’est plus respecté entre les échelons puisqu’un échelon 1 niveau 1 (conducteur sans carte taxi, donc juste avec le permis de conduire) est payé au même montant qu’un échelon 2 niveau 1 (taxi débutant). C’est donc un premier engagement non respecté.
A cela s’ajoute un véritable écrasement des grilles, c’est-à-dire que, l’écart de rémunération entre un taxi et un taxi de 5 ans d’expérience ne sera que de 1,68% brut (soit une « augmentation » d’environ 24€ nets par mois) ! Pour mémoire, le premier accord de 2018 présentait un écart de 5% (soit 65 € nets en plus). Nous voyons bien ici un véritable écrasement des grilles qui constitue un reniement de leur engagement initial.
Cet accord représente donc un non-respect des engagements de 2018 ainsi que d’un non-respect du taxi et des salariés du taxi. Cet accord est à l’image des autres sujets débattus dans cette commission : aucune avancée sociale ne pourra aboutir avec des interlocuteurs dans un tel état d’esprit, ce qui nous amène à ne plus participer à cette mascarade. La CGT-Taxis invite les salariés du taxi à se syndiquer en masse pour inverser le rapport de force, seul moyen d’obtenir de réelles améliorations des conditions de travail.
Le secrétariat