17/05/2021 « Nous sommes taxis »

De Paris ou de Marseille, du Pas de Calais ou du Languedoc Roussillon, nous sommes tous taxis ! Un seul métier aux multiples facettes, avec plusieurs modalités d’exercice : ceux qui travaillent de jour, ceux qui travaillent de nuit, ceux qui préfèrent travailler sur les gares et/ou les aéroports, ceux qui préfèrent sillonner la ville en quête de clientèle, ceux qui ont développé une clientèle privée, ceux qui font du transport de malades assis, ceux qui ont la radio…

À cela, vient s’ajouter la variété des statuts : artisans, locataires, salariés ou associés de coopératives impliquant différentes obligations, différentes charges financières, différentes protections sociales. Un salarié n’aura pas la même charge fiscale et financière qu’un artisan

Un artisan dont la licence a été payée n’a ni les charges financières ni la pression psychologique d’un locataire qui doit s’acquitter quotidiennement de sa location, etc. À chaque statut, ses avantages et ses inconvénients

Et il y a enfin les taxis des grandes agglomérations et les autres. Là encore, ce sont d’autres façons d’exercer, d’autres rapports à la clientèle, d’autres tarifs.

Selon son lieu géographique d’exercice, le taxi ne ressentira pas le même impact occasionné par les nouvelles concurrences que sont les VTC, covoiturage, autopartage, etc.

Tous ces paramètres conditionnent notre façon de travailler et expliquent la division de notre profession qui ne cesse de se morceler au fil des années.

Néanmoins, nous avons toutes et tous un amour certain pour ce métier. La même passion nous anime pour ce travail difficile, fatigant, mais pourtant si gratifiant par le rapport humain qu’il nous offre chaque jour avec notre clientèle.

Celle-ci reconnaît en effet le service que nous offrons quotidiennement, notre disponibilité ainsi que le professionnalisme et la compétence que nous apportons au quotidien. Ceci est d’ailleurs corroboré par une enquête de l’office de tourisme d’île de France.

Nous constatons les attaques de toutes parts qui nous assaillent : entre les villes qui tentent de nous interdire des voies réservées, le nombre sans cesse croissant de VTC qui maraudent illégalement en quête de clientèle et ne respectant pas la règle du retour au garage, le système de pseudo-covoiturage qui se développe partout en France, l’article 80 du Code de la Sécurité sociale qui permet à des établissements hospitaliers de confier le transport de malades aux véhicules non conventionnés…

Notre intérêt à toutes et tous, nous impose d’être unis pour la défense de notre profession.

Nous sommes taxis

Mon ennemi n’est pas le taxi des régions ou le taxi locataire. Ce n’est pas l’artisan ou le taxi de la ville. Ce n’est pas non plus tel syndicat ou telle fédération. Car même si nous pouvons avoir des objectifs, des contraintes ou des visions différentes, l’intérêt général doit primer et nous réunir.

La défense de notre métier doit prévaloir sur toute autre considération personnelle. C’est une question de survie. Car plus que jamais notre métier est menacé de désintégration par un ennemi qui sournoisement, laborieusement, le détricote tout cela sous couvert de modernité et d’ouverture à la concurrence. Une concurrence déloyale et sauvage. Une concurrence qui se nourrit de l’exploitation du travailleur et de la misère sociale et qui, par la même occasion détruit nos acquis sociaux. Et tout cela avec la bienveillance, si ce n’est la complicité, d’un gouvernement qui l’encourage.

Et que personne ne se croit à l’abri car à plus ou moins moyen terme, tous les secteurs de notre activité, tous les taxis de France et tous les statuts seront impactés. Ce n’est qu’une question de temps à moins que nous ne luttions tous ensemble.

Face à cet ennemi puissant, vorace et sans scrupule, il n’y a pas d’autres solutions que l’unité et la résistance. Dans ce combat, le chacun pour soi signifiera notre fin.

Depuis plus de 4 ans maintenant, l’un des principaux articles de la loi dite Grandguillaume n’est toujours pas appliqué. Il s’agit de l’article 2 qui impose des obligations de transmission de données informatiques à l’État par les plateformes de mise en relation. Ces données constituent des prémices à un meilleur contrôle de celles-ci. Des plateformes qui n’ont eu de cesse durant toutes ces années de bafouer impunément les lois de la République et de nous spolier quotidiennement. Évidemment, elles ne veulent pas de cet article et font tout pour freiner sa mise en application.

Et bien sûr, une fois de plus, à l’annonce d’une mobilisation des taxis pour leurs droits, voilà que notre ministre de tutelle, M. Djebbari, qui n’a eu que mépris pour notre profession, nous sort de son chapeau la promesse d’une prochaine parution de cet article tant attendu. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient !

Lorsque les voies conventionnelles ne donnent rien, la mobilisation reste notre dernier moyen d’expression.

M. J., syndiqué CGT-Taxis