Groupe de travail « tronc commun » examen taxi/vtc : position de la CGT-Taxis remise au Ministère des Transports

Concernant le « tronc commun » de l’examen taxi/VTC nous souhaitons rappeler que cela n’a de sens que si le gouvernement répond à la question fondamentale  déjà posée à de multiples reprises par les Cochers Chauffeurs CGT-Taxis aux différents gouvernements successifs : qu’est ce qui justifie le statut VTC, qu’est ce qui le distingue du taxi ?

Aujourd’hui, cette question essentielle n’est toujours pas résolue. Si nous n’avons pas de réponse sur cette question fondamentale du rôle réel des VTC, alors, le tronc commun ne servira qu’à légitimer un peu plus ce que nous considérons être aujourd’hui des contrefaçons de taxi.

La CGT-Taxis affirme également que si les VTC ne sont pas réorientés vers une activité et un marché différent de celui de la clientèle taxi, alors, leur statut n’a pas lieu d’être. Comment en effet justifier que plusieurs statuts avec des contraintes et des règles de fonctionnement différentes soient en confrontation sur un même marché ? Cela fausse inévitablement la concurrence entre ces acteurs en générant un climat de tension qui nous fait craindre chaque jour de nouveaux drames.

Des semaines de 80 heures

Il ne s’agit là ni de dogmatisme, ni de corporatisme ou de malthusianisme comme on peut parfois le lire dans des médias à l’idéologie libérale et d’une indépendance éditoriale douteuse. Il suffit de connaitre un peu la réalité du secteur taxi pour comprendre que ce marché était déjà tendu avant même la loi n° 2009-888 du 22 juillet 2009.

Les chauffeurs de taxis, indépendamment de leurs statuts, devaient et doivent encore plus aujourd’hui accumuler les heures au delà du raisonnable pour espérer un salaire en fin de mois. Si la richesse du marché était telle que certains le prétendent comment expliquer que les chauffeurs de taxis partout en France doivent enchainer des semaines de 70 heures ? Nous savons que les chauffeurs VTC/LOTI sont également contraints de travailler au-delà du raisonnable. La CGT-Taxis dénonce bien entendu ce partage forcé de la misère qui met en péril la sécurité des chauffeurs, des consommateurs et des usagers de la route en général. Cela n’est pas acceptable pour un gouvernement social et responsable du bien-être de chacun.

Les taxis sont déjà à prix plancher

Ces longues journées de travail sont aussi la démonstration que le tarif taxi est un prix plancher, certes pas accessible à tous, mais à son niveau le plus bas pour atteindre un précaire équilibre économique. Nos tarifs sont en effet régulés et modérés par le gouvernement ce qui est une garantie de pondération pour le consommateur. Ces tarifs, dans le contexte actuel, constituent à nos yeux le tarif minimum qui permet un équilibre au prix de longues journées de travail.

Dans ce cadre, prétendre offrir un service de transport particulier à la personne en allant en deçà du tarif taxi est donc soit mensonger,  soit illégal, soit ne serait pas raisonnable pour les chauffeurs qui ne pourraient plus atteindre un quelconque rendement. Nous sommes certains que ce n’est pas là la volonté de votre gouvernement et il semble donc que les VTC, pour justifier leur raison d’être ainsi que leur équilibre économique, ne pourront qu’être plus cher que les taxis, ce que justifierait leur positionnement vers un véritable service haut de gamme (limousine, langue obligatoires,…).

L’offre ne peut pas créer la demande

A ceux qui prétendent que le développement de l’offre crée une augmentation de la demande, la CGT-Taxis rappelle qu’en 2008 à Paris les taxis étaient en surnombre plus de 80% du temps (19 heures par jour) et cela ne générait pas pour autant une demande en rapport. Cela avait d’ailleurs été souligné par le Préfet Chassigneux. Nous rappelons également que les 20% restants (5 heures par jour) où il était constaté que le client pouvait attendre son véhicule correspondaient aux heures de pointes, où bien sûr il est quasiment impossible de circuler. Car ce paramètre de l’engorgement des centres urbains français  est souvent occulté alors que vous en conviendrez, il est fondamental.

Nous pourrions tout aussi bien développer le repli du taxi vers l’activité de transport de malade assis qui est bien le signe que le marché de transport particulier est saturé puisque les taxis sont obligés de se rabattre sur un secteur qui ne lui était pas naturellement destiné. Cette dépendance forte qui gagne aujourd’hui même les centres urbains est bien le signe que le marché n’est pas extensible et que la multiplication de l’offre n’a pas été suivie d’une multiplication de la demande.

Tous ces éléments démontrent donc que les VTC ne peuvent pas justifier leur existence en prétendant palier à un manque de taxis puisque nous l’avons vu, de nombreux indicateurs prouvent le contraire. C’est donc uniquement dans un cadre nouveau que les VTC pourront justifier leurs existences sans paupériser tout un marché.

Le tronc commun, à ces conditions, est une manière de répondre rapidement à l’absence d’examen sérieux pour les VTC. Au vu de la réorientation indispensable des VTC vers ce qu’ils auraient dû être (haut de gamme et touristique), leur examen devra se voir compléter par des modules spécifiques (langues, connaissances touristiques,…).

Ces mesures devront s’accompagner et s’inspirer d’autres moyens de régulation du secteur car avec la paupérisation des travailleurs du secteur et conditions de travail indignes vous n’obtiendrez jamais un transport particulier de personne de qualité. Le candidat à la mairie de Londres, Sadiq KHAN (Labour), a d’ailleurs intégré dans son programme[1] la limitation du nombre de minicab. Comptez-vous en faire autant ?


[1] “I’m afraid the mistake was made a couple of years ago when TfL allowed Uber taxis to come on stream… And let me tell you what I will do. I will make sure we have proper regulation around private hire vehicles. I want a cap on the number of private hire vehicles.” Sadiq KHAN on LBC, mars 2016.