Macron ou le président du placement de produit ?

« ATTENTION, CE DISCOURS CONTIENT UNE OFFRE COMMERCIALE »

Une fois de plus le président de la République se met non pas au service de l’intérêt commun mais au service de la multinationale prédatrice qui a symbolisé tous les excès de ce type de structure : UBER. Le président vient en effet de trouver le moyen de faire de la publicité à UBER sur un sujet aussi éloigné que grave que sont les violences conjugales envers les femmes. Quel est le rapport ? Est-ce le rôle d’un président de mettre en avant une multinationale qui s’est fait condamner à maintes reprises et qui n’a eu de cesse de mépriser l’état ? Est-ce le rôle du président de soutenir une multinationale caractérisée par son absence totale d’éthique ?

Cette société dont on ne compte plus les condamnations en France et dans le monde est devenue ces dernières années le symbole d’un capitalisme prédateur, déshumanisé, qui méprise ouvertement les législations des états où elle s’installe. Son but, faut-il le rappeler, est le profit et non l’amélioration de notre modèle social.

En France, cette société a porté bien sûr préjudice à notre métier de taxi mais pas seulement. Il y a eu aussi bien sûr les agressions sexuelles par des chauffeurs UBER. En 2019 aux Etats-Unis, Uber admettait six mille viols et agressions sexuelles en deux ans ![1] Ces scandales, révélés par les réseaux sociaux, démontraient à la fois le peu d’empathie de Uber pour ces victimes mais aussi son incapacité à garantir la sécurité de ses clients. Ces agressions sont favorisées par le manque de volonté de contrôler l’identité de ses chauffeurs ce qui lui a valu par exemple, une demande d’interdiction d’exercer à Londres[2]. Les conditions d’exploitation de leurs chauffeurs sont aussi à l’origine de nombreuses condamnations partout dans le monde puisque cette société refuse de prendre ses responsabilités sociales vis-à-vis de ses chauffeurs qui sont de faux indépendants. On ne compte plus les procès contre UBER sur le statut des chauffeurs qui sont des salariés déguisés, le dernier en date est du 23 novembre 2020 à Nantes. Le conseil de Prud’hommes de Nantes a requalifié le contrat d’un ancien chauffeur Uber en salarié[3]. Les utilisateurs de ces services sont eux aussi victimes des pratiques illégales de cette compagnie. La dernière condamnation est d’ailleurs du 27 octobre 2020. L’association des consommateurs UFC-QUE CHOISIR vient ainsi de faire condamner UBER pour 25 clauses illicites notamment sur la protection de données personnelles des utilisateurs[4].

Malgré tout cela, le président de la République ne cesse de mettre en avant cette multinationale qui pourtant revendique ouvertement depuis sa création son peu de considération pour la chose publique, pour le respect des lois et des personnes et qui s’est structurée pour organiser son irresponsabilité juridique, sociale et fiscale. Ces contradictions ne gênent pas Macron. Celui-ci avait ainsi montré son allégeance à UBER en s’empressant de recevoir en tête à tête le directeur général de UBER en grande pompe à l’Élysée en mai 2019.

Aujourd’hui 25 novembre, quelques jours après les dernières condamnations de UBER, le président pousse encore un peu plus son rôle de représentant de commerce pro-UBER en vantant personnellement le fait que cette société offrait des courses gratuites aux femmes victimes de violences conjugales.

Encore une fois, cette société peu portée sur le contrôle de ses chauffeurs a souvent fait parler d’elle pour l’insécurité de ses prestations et notamment pour de nombreuses agressions sexuelles commises par ses chauffeurs. Cette société comme toute bonne multinationale a démontré son indifférence pour l’intérêt commun, son objectif étant de capter un marché en se livrant à une lutte sans pitié (ni pour ses chauffeurs, ni pour ses clients) avec ses concurrents. On peut d’ailleurs s’interroger sur la viabilité de cette entreprise qui depuis sa création perds des milliards de dollars chaque année.

Enfin, on se demande comment cette mise en avant de la société prédatrice a pu intervenir dans un tel sujet, si ce n’est par une collusion profonde entre nos représentants et les dirigeants de ces multinationales. Cela démontre la fragilité de notre démocratie.

L’ancien député Grandguillaume ne disait pas autre chose en interpellant le gouvernement actuel sur la non-application de l’article 2 de sa loi, quatre ans après son vote par l’Assemblée nationale. Dans quel pays voit-on une loi votée au parlement se retrouver bloquée pendant des années par un président ou un ministre ? Sommes-nous toujours une démocratie ?

Mais qu’elle est la teneur de ce fameux article 2 de la loi Grandguillaume ? Et bien justement, il s’agit de donner les moyens aux services de l’état pour sanctionner les plateformes de type UBER qui ne respectent pas leurs obligations législatives. Cet article de loi, déjà très allégé selon la CGT-Taxis, est toujours bloqué au sommet de l’état. Cette nouvelle intervention pathétique du président qui profite d’un sujet de société aussi grave pour faire du placement de produit, démontre que l’intérêt de quelque un prévaut sur l’intérêt du plus grand nombre. Cela démontre bien l’influence du pouvoir de l’argent.

Les chauffeurs de taxi doivent avoir conscience de cette situation et comprendre que notre combat est profond et dépasse le cadre du taxi. C’est un véritable combat politique dont l’issue dépendra de l’engagement de chacun d’entre nous à se mobiliser.