L’intersyndicale refuse le forfait que le gouvernement veux nous imposer

Les organisations professionnelles de chauffeurs de taxis  sont clairement opposées à une tarification forfaitaire dans le taxi. Pour plusieurs raisons évoqués dans un courrier adressé au Ministère de l’Economie, les organisations professionnelles (CFDT, CST, LMTS, SDCTP, STM et CGT) s’opposent à l’introduction de la tarification forfaitaire dans le taxi. Cela constituerait une nouvelle attaque du taxi français.

Monsieur le Ministre,

Vous nous consultez actuellement sur la possibilité d’effectuer une tarification forfaitaire dans le taxi.

Pour plusieurs raisons, les organisations professionnelles signataires s’opposent à cette nouvelle déréglementation du taxi français.

Le taximètre est le seul garant d’un prix juste

Tout d’abord, nous vous rappelons que le forfait, qu’il soit pour la course d’approche ou pour les aéroports, est antinomique pour les taxis qui se définissent justement par leur taximètre. Quoi de plus juste, en effet, que le taximètre puisque le consommateur ne paient que ce qu’il consomme ? De même, pour les chauffeurs, le taximètre permet la juste rémunération de leur travail. Un forfait défavorisera inévitablement le consommateur ou le chauffeur. Au supermarché par exemple, pas question de payer le montant du caddy moyen, on paye ce que l’on consomme ! Le consommateur pourra à juste titre s’estimer lésé dans certains cas, et dans d’autres, le chauffeur vendra à perte sa prestation. Dans un cas comme dans l’autre, c’est inacceptable voire illégal.

Un forfait juste n’existe pas

Il est notamment impossible de construire un forfait juste en raison de la disparité des courses que nous pouvons effectuer.

A Marseille par exemple, une course de l’aéroport Marseille Provence peut varier du simple au double en terme de distance. Une course vers le 9ème  arrondissement fera environ 33km, soit 94% de plus qu’une course vers le 15ème (environ 17 km depuis l’aéroport)!

En ce qui concerne Paris, le forfait relève tout autant de l’impossible, puisqu’en ne considérant que la rive droite, on arrive tout de même à des écarts de 15km en provenance de Charles de Gaulle (d’environ 22km à 37km, soit 80% d’écart !), et de 13km d’Orly (de 15km à 28km soit 87% d’écart).

A ces écarts de distance s’ajoute bien sûr la variable temps qui viendra encore renforcer l’injustice du forfait, quel qu’il soit. Cette variable totalement aléatoire dans nos métropoles est bien sûr la résultante de la congestion chronique de la circulation.

Le forfait entraînera une confusion tarifaire inévitable

Lors de notre entretien avec M. DECONINCK (DGGCCRF), il a évoqué les pistes d’un forfait aéroport distinguant Paris en deux zones : la rive gauche et la rive droite. Il était également question d’un forfait heures de pointes et d’un autre en heure creuse. Cela nous fait donc, pour le taxi parisien, quatre tarifs pour Charles de Gaulle et quatre pour Orly. Nous avons démontré dans les exemples précédents que cette segmentation serait injuste, tant pour les chauffeurs que pour les consommateurs. Un forfait moins injuste impliquerait une segmentation beaucoup plus fine qui ajouterait une confusion tarifaire inévitable. Est-ce le souhait de votre administration ? Nous ne le pensons pas et nous vous demandons donc de revenir à la forme de tarification règlementaire actuelle,  le taximètre et la tarification horokilométrique, qui a démontré sa justesse et sa transparence quel que soit le contexte.

Une cible commerciale facile à abattre

Les sociétés de VTC ont une grande capacité à communiquer. Il est certain qu’un prix forfaitaire pour les taxis serait l’occasion pour elles de fixer un tarif inférieur aux nôtres et d’en faire le point central d’une communication prétendant que les VTC sont moins chers que les taxis. Certaines sociétés de VTC et non des moindres ont en effet prouvés qu’elles étaient prêtes à enfreindre la réglementation pour gagner des parts de marchés (vente à perte, fausses courses pour se débarrasser des concurrents, tarification illégale, travail dissimulé, fuite de capitaux,…). Or le Ministère des Finances n’aura ni les moyens ni le dynamisme pour réagir. De plus les taxis se retrouveraient pénalisés car nos obligations sociales, fiscales et administratives ne nous permettront pas de nous aligner sur cette concurrence sauvage qui n’hésite pas à bafouer les lois.

La technologie permet aujourd’hui de calculer le prix d’une course au plus juste

Par contre, nous comprenons la crainte du prix que peuvent ressentir nos clients occasionnels. C’est en effet l’argument principal du député Thévenoud pour justifier sa proposition de tarification forfaitaire dans le taxi. Or, aujourd’hui, une application et un site internet peuvent tout à fait calculer en temps réel une estimation du tarif taxi au plus juste et cela sur n’importe quel trajet. Cela faisait d’ailleurs parti des propositions de notre intersyndicale. De même, le développement de la géolocalisation de l’ensemble de la flotte taxi grâce à l’open data prévue par le député Thévenoud  permettra aux usagers de localiser tous les taxis, ce qui minimisera automatiquement les compteurs d’approches.

Pour toutes ces raisons, l’intersyndicale des chauffeurs de taxi de France vous demande de maintenir le taximètre. Celui-ci protège nos usagers comme les chauffeurs en appliquant une tarification transparente  et sans aucune confusion. L’intersyndicale est par contre tout à fait disposée à ouvrir avec vous les chantiers de la détaxe (promesse non tenue du gouvernement FILLON, 2008) et celui de la baisse de la TVA (hausse dévastatrice de 81% en deux ans du taux de TVA sur notre chiffre d’affaire) dont bénéficieraient également nos usagers.

Dans l’attente de vous rencontrer rapidement afin d’évoquer ces points sensibles, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.

 

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