Quand un actionnaire de Heetch copréside les assises de la mobilité

Le Ministère des Transports organise actuellement un événement majeur pour l’avenir du secteur, les « assises de la mobilité », censées permettre la création d’une nouvelle loi. En tant que taxi, nous sommes bien sûr concernés, surtout quand la Ministre des Transports déclare qu’elle veut « restaurer l’équilibre et l’efficacité des modes traditionnels, et accompagner l’émergence de ces nouvelles mobilités »[1]. Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’à aucun moment le Ministère des transports n’a convié les organisations de taxis. Plusieurs d’entre elles, dont la CGT-Taxis, s’en sont inquiétées et se sont finalement invitées à un de ces ateliers de travail. La réalité de ce que nous avons découvert dépasse l’entendement. L’atelier auxquelles la CGT-Taxis a décidé de participer le 19 octobre était présidé par un actionnaire de HEETCH, Monsieur Yann Marteil ! Le Ministère des Transports a donc confié le soin de coprésider ces assises à un partenaire privé, directement intéressé par une modification de la loi. La CGT-Taxis a bien sûr dénoncé cette situation.

Nous avions déjà appris avec surprise que les plateformes VTC/LOTI avaient été reçues lors de ces assises de la mobilité. Rappelons que ces dernières années, ces plateformes se sont surtout illustrées par leur capacité à contourner les lois plutôt qu’à les écrire ! De plus, on peut légitimement s’interroger sur le rôle de ces entreprises privées à s’exprimer pour l’intérêt général alors qu’elles ne représentent qu’elles-mêmes et les intérêts de leurs actionnaires. Il est désespérant de voir l’état français demander à Uber par exemple ce que devrait être sa politique de mobilité pour les années à venir. Il est en effet de notoriété mondiale que cette société méprise les états et se structure pour ne pas y payer d’impôts. La CGT-Taxis avait donc préparé un texte afin de dénoncer cette mascarade (texte disponible en bas de page).

Qu’elle ne fut pas notre étonnement de constater que non seulement les plateformes étaient entendues mais qu’en plus l’une d’elle, à travers un de ces actionnaires, coprésidait ces audiences. Monsieur Yann Marteil était en effet le président de séance. Il s’agit du directeur général de VIA ID[2] qui est actionnaire de Heetch comme le rappelle un article de L’Expansion du 26 janvier 2016[3]. Dans ce même article, Monsieur Marteil s’inquiétait du sort de Heetch en ces termes évocateurs : « Nous avons une start-up qui réussit, ce serait bien de ne pas la casser« . Dans un article plus récent, paru après la condamnation de Heetch devant les tribunaux français, Monsieur Marteil déclara que sa société « n’avait pas renoncé à faire avancer la loi »[4]. Ces déclarations ne sont pas neutres et il est anormal qu’une mission publique de cette importance soit entre de telles mains. La CGT-Taxis a bien sûr soulevé en séance ce grave dysfonctionnement. L’État doit absolument reprendre la main, il est le seul garant de nos droits, sans quoi il serait clair que ces assises ne serviront pas cette mission « d’intérêt général » mais des intérêts particuliers. Cela ne serait pas acceptable.


[1] https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/030534258751-elisabeth-borne-fixe-le-cap-des-assises-de-la-mobilite-2112604.php

[2] https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/id-accelerateur-start-mobilite

[3] http://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/qui-est-vraiment-heetch-le-faux-cousin-d-uber_1757490.html

[4] https://www.lesechos.fr/19/04/2017/LesEchos/22428-093-ECH_via-id–le-fonds-qui-monte-dans-les-nouvelles-mobilites.htm