Quand un pro UBER se souvient qu’il y a des taxis en France…

Alors que le président de la République ne cesse d’exhorter les Français à rester confiner chez eux, une catégorie de travailleur devrait pourtant selon M. Macron, continuer à travailler au péril de sa santé. Il s’agit des chauffeurs de taxis. M. Macron a évoqué dans son discours du 16 mars la possibilité d’une « mobilisation » des chauffeurs de taxi « au bénéfice » des soignants. Si bien sûr tout le monde est aujourd’hui d’accord pour soutenir le personnel soignant, cela ne peut se faire au détriment d’autres travailleurs comme les taxis, qui ne sont ni équipés, ni formés pour faire face à une telle crise sanitaire. La CGT-Taxis dénonce donc l’irresponsabilité de cette requête du président qui pourrait être lourde de conséquences pour la santé des chauffeurs de taxi, de nos usagers et de nos familles.

Celui qui apparaît comme le président des riches, comme le démontre encore son action actuelle de casse du système de retraite, se souvient parfois, qu’en des circonstances troubles, les travailleurs méprisés d’hier, soignants et taxis par exemple ici, peuvent devenir des « solutions » pour la Nation.

Rappelons que les personnels soignants mis en avant aujourd’hui ne rencontraient encore il y a quelques semaines que le mépris du gouvernement malgré de nombreux mois de grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail depuis plusieurs années et donc, de celle de la prise en charge des patients.

C’est pourtant ce gouvernement, et ses prédécesseurs, au nom de leur doctrine libérale toute-puissante qui ont participé à sacrifier l’efficacité du système de soin français comme des services publics en général. Bien sûr, en temps de crise, c’est l’État providence, l’État interventionniste qui refait surface pour rassurer les Français où éponger les dettes des sociétés privées que la crise, ici sanitaire, affecterait trop. C’est là un principe de base du capitalisme, à savoir la privatisation des profits par quelques-uns et la nationalisation des pertes !

Concernant les taxis, nous sommes bien sûr confrontés depuis des décennies à la même volonté de certain de détruire un secteur réglementé. Macron symbolise bien sur cette tendance, lui qui ne rate pas une occasion de s’afficher en soutien de la multinationale UBER, qui chacun le sait, devait être l’arme fatale nèo libéral face au taxi. Le président de la République est ainsi toujours très sensible aux échanges avec les plateformes VTC alors qu’encore une fois, leur probité est souvent remise en cause devant les cours de justice et que le modèle économique de ces plateformes est un échec total, ce que lui seul ne semble pas voir. En parallèle, M. Macron ne daigne même pas répondre aux sollicitations des syndicats de taxis qui l’alertent pourtant sur de nombreux sujets d’importance (fonds de garantie, maraude électronique, statut locataire…), nous l’avons encore vu lors des débats de la loi d’orientation des mobilités.

Aujourd’hui donc, sur un ton martial, ce président pro Uber ignorant la précarité et les ravages causés par ce modèle économique prédateur, évoque une « mobilisation » des chauffeurs de taxi ! Quel intérêt soudain pour une profession qu’il aurait bien aimé voir disparaître ou pour laquelle il ne s’est jamais mobilisé ! Il n’en reste pas moins que les taxis n’ont l’accès ni aux protections élémentaires ni a une formation contre le Covid-19, ce qui ne semble pas compatible avec le transport d’usager éventuel porteur du virus. Nous sommes finalement dans la continuité d’un président méprisant, qui ne consulte même pas les syndicats des professions concernées avant d’annoncer une telle mesure, il n’y a aucun dialogue ! Ce sont des décisions unilatérales.

La CGT-Taxis dénonce évidemment cette politique irresponsable du président qui pourrait avoir de lourdes conséquences chez les chauffeurs et leurs familles. La CGT-Taxis alerte les chauffeurs sur les dangers qu’elles encourent au contact d’usagers potentiellement porteur du virus puisqu’il est évident que, sans même parler de l’absence de moyens de protections, nous ne sommes pas formés pour ce type de transport sensible. Comme pour tous les travailleurs de ce pays, la CGT-Taxis demande au gouvernement de prendre ses responsabilités et de mettre les moyens humains et financiers pour que les taxis et tous les travailleurs confrontés à cette crise puissent l’affronter en sécurité et dignement sans mettre leur santé ni celle de leur usager en dangers. Sans cela, ces travailleuses et travailleurs n’auront d’autres choix pour préserver leur intégrité que de recourir à leur droit fondamental qu’est le droit de retrait.