13/07/2022 Uber Files : MACRON, la marionnette d’Uber

Quelle surprise ! En plein mois de vacances, une fois les élections présidentielles et législatives passées, les journalistes français et d’ailleurs découvrent sept ans après les faits, qu’Emmanuel MACRON est un fervent défenseur des valeurs capitalistes et un représentant non pas du peuple mais des intérêts privés des multinationales de type UBER qui, par définition, se soucient de peu de choses si ce n’est de leur profit.

Non, une multinationale ne défend pas l’intérêt commun !

Beaucoup semblent en effet découvrir avec surprise que pour UBER, comme pour toutes les grandes sociétés capitalistes, seul le profit anime leurs actions, légales ou illégales ! Ces sociétés sont prêtes à tout pour s’imposer. Le fondateur adulé d’Uber, Travis KALANICK aimait ainsi rappeler à ses équipes que « la violence garantit le succès »[1]. A la CGT, il nous semble pourtant évident qu’il n’y a rien à attendre de ces prédateurs qui représentent les intérêts de quelques individus. Leurs actes iront inévitablement à l’encontre des intérêts de la masse !

Uber = mafia ?

Pour les entreprises de type UBER, tout ce qui organise et assure le bon fonctionnement d’une société civilisée n’a que peu d’intérêts. Les lois ? Un détail, facilement modifiable en « travaillant » avec les bonnes personnes comme un Ministre de l’économie ou une commissaire européenne par exemple et en fournissant des lois ou des amendements clés en mains à des députés peu scrupuleux qui se garderont bien de révéler la source de leurs amendements. 

La justice ? La technologie leur permet de dissimuler leurs données frauduleuses (« kill switch »[2]) et donc de faire entrave aux enquêtes policières et donc, à la justice. Ce mépris de la justice s’est largement manifesté lors des nombreux procès d’Uber, leur représentant adoptant une attitude d’omerta propre à la mafia. La loi du silence et du secret est de mise !

Les conditions de travail de leurs chauffeurs ? Selon le propre avis de MACRON, les jeunes de banlieues devraient s’estimer déjà heureux d’avoir un « emploi » ! Même quand l’Union Européenne veut protéger ces travailleurs précaires avec le concept de présomption de salariat, MACRON et BORNE font obstruction en bon petit soldat d’Uber.

La concurrence déloyale vis-à-vis des taxis ? C’est une économie archaïque pour eux, ringarde, il faut changer tout ça, il faut « disrupter » ! Créons de l’emploi en détruisant ceux des taxis ! Quelle logique !

UBER, dans son mépris de la loi, condamné à de multiples reprises dans le monde, dans sa violence, dans son exploitation de ses « employés », dans sa volonté de travailler dans les coulisses du pouvoir de manière obscure en manipulant (ou achetant ?) des politiciens, et dans la dissimulation de ses profits (« optimisation fiscale » comme ils disent) n’a rien à envier aux organisations mafieuses !

Un lobbying sans transparence, une intégrité en doute et un favoritisme déplacé : trafic d’influence ?

Nous le voyons, il est déjà difficilement compréhensible qu’un ministre d’État éprouve de la fascination pour une société avec un tel casier judiciaire et qui érige la violence comme une voie vers le succès. La défense vulgaire et agressive de MACRON ces derniers jours face aux révélations des Uber Files semble d’ailleurs vouloir clore le débat de manière autoritaire. Cette dérive autoritaire du président de la République ne nous empêchera pas d’affirmer qu’il il y a pourtant beaucoup à dire sur cette relation atypique. Il faut reconnaître que le lobby effectué par UBER en utilisant le ministre MACRON cumule les mauvaises pratiques du genre.

Si MACRON n’a jamais caché sa passion pour Uber, peu de personnes savaient que la relation était aussi intime et intense entre le ministre et les lobbyistes d’Uber. Il n’y avait aucune transparence dans ces rencontres et pour preuve, le président HOLLANDE et le reste du gouvernement n’étaient pas au courant de ces relations occultes. MACRON semblait bien agir en cavalier seul à l’encontre du gouvernement VALLS.

Ensuite, concernant l’intégrité de ces rapports, là encore, les Uber Files indiquent que des contreparties ont existé. Le lobbyiste principal d’Uber, Mark MACGANN révèle ainsi avoir participé au financement du tout nouveau parti créé par MACRON en 2016[3]. Cela ressemble fort à une compensation pour service rendu, non pas à la Nation, mais à Uber !

Enfin, nous CGT-Taxis, syndicat historique du secteur en France, pouvons témoigner du fait que nous n’avons pas bénéficié d’une égalité de traitement de la part du Ministre MACRON comme du président MACRON. Il n’a jamais daigné nous recevoir, nous comprenons mieux aujourd’hui les raisons de ce mépris. Le principe républicain d’un traitement égalitaire a donc été bafoué en long et en large tant l’intensité des relations et la fréquence entre MACRON et UBER contraste avec son attitude de dédain vis-à-vis des taxis.

La CGT-Taxis dénonce cet état de fait depuis des années. Il n’y a qu’à prendre connaissance de quelques-unes des couvertures de notre mensuel syndical CGT-Taxis de ces sept dernières années pour voir que les Uber Files ne sont pas une découverte mais la confirmation de ce que les conducteurs de taxis et certains députés dénoncent depuis presque dix ans maintenant : MACRON et d’autres, ne sont clairement pas aux services des citoyens et de l’intérêt communs mais au service des grandes puissances de l’argent.

Il est d’ailleurs pathétique de voir que malgré les révélations savoureuses du lobbyiste de UBER qui se « repent », les représentants de la Macronie, élus et médias, continuent leur déni en tentant de porter le débat sur la légitimité d’un ministre à recevoir des chefs d’entreprise. Il ne s’agit évidemment pas de cela dans les Uber Files mais plutôt de la révélation d’une relation opaque, intéressé et privilégié entre une société privée et un homme politique de premier plan censé être au service du plus grand nombre. MACRON et ses alliés tentent également de justifier ces actes délictueux en évoquant des créations d’emplois. De quels emplois parle-t-on ? Ce que tous les spécialistes s’accordent à dire aujourd’hui c’est que le VTC crée de la précarité au même titre que les livreurs de repas. Comme le reconnais l’ex lobbyiste, Uber a vendu un mensonge mais MACRON ne semble pas entendre puisqu’il affirme aujourd’hui qu’il recommencerait de la même manière !

Nous le voyons, l’écart entre cette classe dirigeante et les travailleurs est énorme. Ce type de mascarade se répétera dans notre système où seul le pouvoir de l’argent semble avoir du poids. La CGT-Taxis avait ainsi évoqué en 2017 la mainmise de HEETCH sur les ateliers de la Mobilité, préalable à la loi LOM sous l’égide de la Ministre des transports de l’époque, Madame BORNE. L’atelier auxquelles la CGT-Taxis avait décidé de participer le 19 octobre 2017 était présidé par un actionnaire de HEETCH, Monsieur Yann Marteil ! Le Ministère des Transports avait donc confié le soin de coprésider ces assises à un partenaire privé, directement intéressé par une modification de la loi. La CGT-Taxis avait bien sûr dénoncé cette attitude sans recevoir grand écho dans les médias.

Est-ce que des sanctions seront prises contre MACRON ? Nous le souhaitons évidemment mais l’histoire des destructeurs des taxis précédents comme Charles Pasqua et sa néfaste loi de 1995 ou Nicolas SARKOZY créateur des VTC en 2009, dont on ne compte plus les « affaires judiciaires », nous montrent souvent que là aussi, la justice, n’est pas toujours au rendez-vous avec les puissants.

Le secrétariat Cochers Chauffeurs CGT Taxis


[1] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/10/Uber-files-une-strategie-du-chaos-assumee-pour-conquerir-le-monde_6134211_4408996.html

[2] https://www.rfi.fr/fr/europe/20220712-Uber-files-le-kill-switch-l-arme-anti-perquisition-mani%C3%A9e-par-Uber

[3] https://www.liberation.fr/politique/Uber-files-comment-un-lobbyiste-de-la-firme-a-aide-emmanuel-macron-a-financer-lrem-20220711_6AJRCIWSW5HWRAHMEHOS34JA5E/