Action internationale à Bruxelles : « Je préfère être le pitbull des taxis que le caniche de Uber » (Jamal IKAZBAN, député bruxellois)

Dans le monde entier, depuis plusieurs années, le taxi est attaqué par des multinationales prédatrices qui veulent faire du taxi sans en subir ni les règles ni les contraintes. Si ces sociétés se drapaient dans une prétendue innovation technologique pour justifier leur intrusion barbare, aujourd’hui, le véritable motif de leur présence est clair : introduire le marché du taxi sans en respecter les règles afin de maximiser leurs profits, peu importe que leurs chauffeurs se paupérisent, que leurs clients soient aux mains de chauffeurs inexpérimentés et que les taxis se retrouvent spolié car visiblement, les règles et les lois ne sont les mêmes pour tous. Dans toutes les grandes villes du monde, sur tous les continents, les taxis doivent se battre pour que des États souvent faibles fassent respecter leurs droits élémentaires face à des multinationales financièrement puissantes et structurées pour fuir leurs responsabilités sociales, fiscales et juridiques.

Plan SMET : la mort du TAXI

Bruxelles n’est pas épargnée par les appétits voraces de ces plateformes sans scrupule. La CGT-Taxis, comme elle l’a déjà fait dans d’autres pays (Espagne, Angleterre) s’est donc jointe à la lutte des taxis bruxellois contre la déréglementation portée par le ministre bruxellois des transports, Philippe SMET. Il nous semble indispensable en effet que les chauffeurs de taxi de tous les pays prennent conscience que leur sort est le même dans tous les pays et que seule notre union internationale pourra mettre en échec l’avidité des quelques multinationales qui souhaitent se débarrasser de nous sans se soucier des milliers de vies brisées.

Cette action du 27 mars a été un succès à nos yeux car les blocages entrepris ont permis aux collègues bruxellois de faire entendre leur voix et d’obtenir le soutien politique du ministre-président de la région bruxelloise, Rudi VERVOORT, pourtant du même parti que Monsieur SMET (Parti Socialiste). Le ministre-président de la région a ainsi réaffirmé que le plan SMET devait être modifié car laissé ainsi, il signifiait la mort du taxi. Rudi VERVOORT a également déclaré suite à cette mobilisation qu’« on ne peut pas être de gauche et défendre Uber ». C’est une telle évidence mais cela dénote une prise de position forte dont le Parti Socialiste français pourrait s’inspirer… Il reste beaucoup de travail chez nos collègues belges mais l’intérêt commun semble avoir pour l’instant repris le dessus en partie grâce à cette journée d’action.

Jamal IKAZBAN, le pitbull des taxis

Cette action a également été l’occasion pour nous de rencontrer le député bruxellois Jamal IKAZBAN, du Parti Socialiste également. Ce député fut un des premiers en Belgique à dénoncer l’injustice de la situation que vivaient les taxis. Ceux-ci, comme partout ailleurs, sont confrontés à des véritables contrefaçons de taxis et non pas à une concurrence saine et loyale, comme veulent le faire croire certains. La concurrence implique en effet que les règles soient les mêmes pour tous les acteurs d’un marché, or, ces plateformes et Uber en tête ne veulent justement pas être soumises aux mêmes règles que les taxis. La combativité de Jamal IKAZBAN lui a valu le surnom de « pitbull des taxis » par ses détracteurs, ce à quoi Jamal IKAZBAN a rétorqué qu’il préférait être le pitbull des taxis que le caniche de UBER !

En France, nous pouvons compter sur des soutiens politiques forts, notamment au sein du Parti Communiste (avec l’ex-député Jean-Jacques CANDELIER par exemple) et de la France Insoumise (avec Danielle SIMONNET), mais force est de constater que dans les autres partis les caniches sont plus nombreux que les pitbulls…

Car Jamal IKAZBAN met là le doigt sur une des stratégies favorite de UBER et des plateformes pour s’imposer : débaucher des fonctionnaires et des politiques des États où ces trusts veulent s’implanter pour faciliter leur installation brutale et souvent illégale. Nous voyons en France par exemple la difficulté que l’État a pour faire respecter l’interdiction de maraude électronique des VTC alors que tout le monde sait que les plateformes sont à son initiative. Cette impuissance des États est-elle liée à la capacité des plateformes à « recruter » des représentants de l’État ? La CGT-Taxis a par exemple dernièrement dénoncé la manière dont se déroulaient les « assises de la mobilité » puisque l’atelier où nous avons participé était présidé non pas par un représentant de l’État mais par l’actionnaire d’une de ces plateformes. En tout cas, la ténacité de Jamal IKAZBAN et de certains élus à travers le monde nous prouve qu’il est possible d’y résister et de se faire entendre.

L’État fondé de pouvoir du Capital ?

Il est d’ailleurs incompréhensible de voir comment dans nos prétendues démocraties des personnes censées défendre l’intérêt collectif d’un pays ou d’un groupement d’états se retrouvent à défendre les intérêts privés de sociétés dont le caractère principal est justement de se soustraire aux règles dictées par l’intérêt commun. Il nous semble que l’engagement pour une institution publique (Parlement européen ou national, ministère…) devrait être animé par la conviction que l’intérêt collectif est largement supérieur à l’intérêt de quelques-uns. Or, il est de notoriété publique que ces plateformes sont avant tout animées par l’avidité financière. Cette contradiction n’est visiblement pas évidente pour tous et nous citerons quelques collusions qui sont la démonstration que nos démocraties sont malades. En France, UBER avait notamment embauché Grégoire KOPP, qui est passé directement de son poste de communiquant du Ministère des Transports à la plateforme VTC. Ce fut également le cas d’Alexandre Quintard Kaigre, qui est passé lui de Matignon à Uber. Au niveau européen, c’est Neelie Kroes commissaire européenne chargée de la concurrence et des nouvelles technologies qui a rejoint sans scrupule Uber. Aux États Unis, c’est David PLOUFFE, conseiller de l’ancien président Barack OBAMA, qui céda aux sirènes de Uber… Cette collusion entre les affaires publiques et le milieu des affaires est aussi ce qui caractérise Goldman Sachs, l’un des gros actionnaires de Uber. Cette banque d’affaires a par exemple recruté le dernier président sortant de la commission européenne (José Manuel Barroso).

Nous le voyons, nous sommes bien engagés dans une lutte contre les élites financières mondiales capables de mettre à leur botte les plus grands dirigeants politiques de ce monde. Le taxi bien sûr n’est pas la seule cible de ces rapaces. C’est un phénomène général qui concerne tous les secteurs et donc tous les travailleurs.

C’est donc par l’union des taxis et de tous les travailleurs au sein de chaque pays et au-delà des frontières, à l’image de la journée de mobilisation de Bruxelles, que nous pourrons continuer à dénoncer les manœuvres de nos dirigeants politiques, dont certains montrent chaque jour qu’ils sont plus au service des puissants que du peuple. La rencontre avec un élu de la trempe de Jamal IKAZBAN est la démonstration que tout n’est pas perdu et, que partout en Europe et dans le monde, les taxis doivent soutenir ces hommes politiques qui n’ont pas oublié le sens de leur mission.