Hidalgo et les taxis : 7 ans de perdus pour la profession !

Le 4 décembre 2019 une intersyndicale a eu lieu et a décidé d’interpeller la Maire de Paris  afin de lui faire part du mécontentement grandissant concernant le traitement de ses services vis-à-vis de l’activité des taxis parisiens et plus précisément concernant les stations de taxis qui relèvent de son autorité. L’intersyndicale déplore de manière générale le manque d’implication d’Anne Hidalgo face à l’envahissement de VTC que subit Paris ces dernières années.

CFDT, CGT-Taxis, FO-UNCP-Taxi, UNTP, GESCOP, FTI75, SUD Taxi

À l’attention de Madame Anne Hildago
Maire de Paris

Objet : Station de Taxis

Le 10 décembre 2019

Madame la Maire,

Le 4 décembre 2019 une intersyndicale a eu lieu et a décidé de vous envoyer ce courrier afin de vous faire part du mécontentement grandissant concernant le traitement de vos services vis-à-vis de l’activité des taxis parisiens et plus précisément concernant les stations de taxis qui relèvent de votre autorité.

Pour rappel, une station de taxis est matérialisée par un marquage au sol, par un panneau interdiction de stationner sauf taxis (enlèvement demandé en queue de station), et un panneau bleu « TAXIS » en tête de station. Certaines d’entre elles sont équipées d’une borne d’appel permettant aux usagers se trouvant à proximité de la station de faire venir jusqu’à leurs adresses le taxi.

Certaines stations de taxis sont pourvues d’un abri voyageur, servant notamment à protéger des intempéries le client en attendant d’être pris en charge mais aussi permettant d’avoir une visibilité pour tous.

De plus, la station de taxis permet de prendre en charge des clients en toute sécurité et peut être également utilisée pour déposer des clients.

Depuis quelques années les stations de taxis subissent une multitude de modifications dont certaines parfois sans concertation avec les syndicats ou qui vont à l’encontre du bon sens. Aussi, nous tenons à attirer votre attention sur quelques points très importants qui impactent au quotidien l’ensemble de nos collègues qui sont (liste non exhaustive) :

  • Déplacement et éloignement de la station de taxis pour des critères esthétiques notamment devant les musées ou centres d’intérêt touristiques. Alors qu’il est pourtant évident de comprendre l’importance de la proximité d’une station en terme touristique par exemple. Cette destruction par la mairie de nos infrastructures laisse une fois de plus la part belle aux clandestins et tuk-tuk qui profitent de cette aubaine pour arnaquer les touristes et autres clients. Quelle belle image veut-on donner de Paris ? Quel est l’objectif de la mairie ?
  • Recul de la tête de station taxis allant de 3 mètres jusqu’à 20 mètres pour certaines pour y placer des stationnements motos ou vélos et pour augmenter la visibilité des piétons qui attendent pour traverser. Ce choix est très discutable pour des raisons de sécurité (piétons sur la chaussée pensant être en sécurité car protégé par les stationnements motos ou vélos au lieu d’être sur le trottoir et déboîtement des taxis au lieu d’une insertion dans le flux de la circulation). L’autre problématique est l’envahissement des motos ne faisant pas la distinction entre leurs stationnements et la station de taxis.
  • Certains arrondissements ne nous consultent pas lors de déplacement provisoire de station pour travaux
  • Des stations de taxis sont supprimées sans compensation de place à proximité.
  • Une disparition grandissante des panneaux bleu taxi alors que la station est toujours en activité.
  • La disparition de certaines stations de taxis au profit d’Autolib ou équivalent dont nous connaissons aujourd’hui l’échec.
  • Certaines stations de taxis sont coupées pour y mettre des zones de livraison ou transport de fonds et engendrant des difficultés d’effectuer une prise en charge dans de bonne condition.
  • L’action des syndicats représentatifs pour éviter le démantèlement complet des bornes d’appels taxis sans remplacement prévu.
  • Lorsque nous demandons une création simple et légitime de station, cela prend trop de temps (plusieurs mois) alors que cela devrait être du ressort de vos services de proposer l’aménagement d’une station de taxis lors de la construction d’un nouvel édifice.
  • La dépose taxi au pied de l’horloge à la gare de Lyon est devenue payante malgré notre opposition à ce projet (un courrier émanant de l’intersyndicale vous sera adressé sur ce sujet). De même, nous avons fait des suggestions à vos services lors de la sortie de la prise en charge en gare de Lyon ou des emplacements « Taxis réservés » pour la période transitoire d’aménagement d’une véritable zone dédié à cela. À ce jour, aucun retour de vos services.
  • De même, très récemment nous avons envoyé un mail à vos services concernant la rue du 8 mai 1945, Gare de l’EST posant d’énorme problème de sécurité tant pour les clients/usagers que les taxis depuis la mise en place d’un couloir cycliste.

Enfin, en avril/mai 2019 un courrier est resté sans réponse de votre part concernant le stationnement illicite des VTC sur la voie publique (maraude électronique). Nous vous rappelons que vous êtes responsable de l’application des lois et des articles concernant votre commune en matière de circulation et de stationnement sur la voie publique. Qu’en est-il ? Quelle est votre position sachant que des communes comme Roissy en France par exemple, ont fait un arrêté municipal (numéro 19/35 du 25 février 2019) afin d’interdire ces pratiques.

Nous déplorons de manière générale votre manque d’implication face à l’envahissement de VTC que subit Paris ces dernières années. Vous devez savoir que Uber et les autres plateformes prédatrices ne sont ni plus ni moins que les Airbnb de la voie publique. Ce que fait Airbnb pour le logement, Uber le fait en s’appropriant la voie publique, en toute illégalité et au détriment des autres usagers de la voie publique. Ce qui est paradoxal, c’est que ces plateformes usent et abusent de l’espace public alors qu’elles se refusent à participer aux financements de ces mêmes espaces ! Tout le monde sait aujourd’hui que la plus grosse plateforme VTC est une multinationale organisée pour cotiser le moins possible au système fiscal et solidaire français. Qu’à fait la Mairie de Paris pour endiguer cela ?

Cette augmentation disproportionnée du nombre de véhicule circulant dans Paris a des conséquences désastreuses. Car en plus d’être des contrefaçons de taxi, il est avéré que Uber et les VTC ont notamment contribué à l’aggravation de la situation environnementale de la capitale, c’est en tout cas ce que démontre une étude récente de l’ONG Transport & Environment. Vous ne pouvez pas rester sans réaction face à cela, c’est aussi une question de santé publique !

Les VTC par l’entremise des plateformes ont également favorisé l’insécurité des passagers transportés puisqu’il est également prouvé aujourd’hui que ces plateformes ne peuvent pas contrôler l’identité de leur chauffeur ou le fait, par exemple, que le véhicule est bien assuré. N’importe qui aujourd’hui peut se servir d’un compte chauffeur Uber !

Pour votre information, Sadiq Khan, le maire de Londres vient de bannir la plateforme Uber de la capitale anglaise pour ces problèmes de sécurité. Il est fort à parier que l’application utilisée à Londres est la même à Paris, comme le démontre malheureusement actuellement la campagne #UberCestOver. Il est urgent d’agir !

Certes, certaines modifications ont été prises en considération pour les stations de taxis mais trop peu hélas. Vous devez comprendre notre exaspération et celle de nos collègues face à l’ensemble des problématiques soulevées ci-dessus.

Nous souhaitons qu’une véritable politique soit mise en place pour le bon fonctionnement des stations de taxis qui font partie intégrante de la mobilité de tous les parisiens et qui se doit d’être à la hauteur aussi bien pour l’image de Paris que vis-à-vis des usagers et des touristes. Cela est de votre responsabilité en qualité d’élue.

Aussi, nous vous sollicitons pour vous rencontrer très rapidement afin d’aborder l’ensemble des sujets évoqués dans ce courrier.

Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer, Madame la Maire, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

P.S. : une copie de ce courrier est également adressée à votre adjoint, M. Christophe Najdovski

Au nom de l’intersyndicale

Christophe Jacopin