M. Jérôme COUMET
Maire du XIIIème arrondissement
1 place d’Italie
75013 PARIS
Paris, le 5 mars 2015
Monsieur le Maire du 13ème arrondissement de Paris,
Vous avez déclaré sur une station radio (France Bleu 107.1) qu’ « il n’y a pas assez de taxis à Paris, cela fait des années que le problème se pose. Ailleurs dans le monde, on en trouve beaucoup plus facilement » [sic] (propos repris dans le quotidien Direct Matin du 20 février 2015).
Tout d’abord, la CGT-Taxis est étonnée par votre intérêt soudain pour l’industrie du taxi. En effet, nous ne vous avons pas entendu réagir quand les bornes des stations de taxis parisiennes ont été détruites par vos services en dépit du bon sens, et, sans se soucier ni des usagers les moins mobiles, ni des professionnels chauffeurs de taxis qui se voient coupés d’une partie de leur clientèle.
N’estimez vous pas, par exemple, que la Place d’Italie mériterait un autre traitement que celui que vous lui réservez ? Votre absence d’intervention dans ce dossier récent, parisien et douloureux pour nos usagers et notre activité est bien regrettable puisqu’aujourd’hui nous ne pouvons servir correctement les usagers de votre arrondissement et ce malgré nos nombreuses alertes. Que comptez vous faire dans votre arrondissement sur cette problématique des stations détruites, amputées de leurs bornes et non adaptées aux populations les plus vulnérables (handicapés, personnes âgées,…) ?
Quant à la teneur de votre déclaration, nous serions curieux de connaitre la source de vos études ou analyses statistiques qui vous permettent d’affirmer de telles énormités ?
Vous nous faîtes penser aux journalistes libéraux qui ne cessent de répéter ce pseudo-constat d’un manque de taxi. Cette propagande mensongère même si elle est répétée à l’envie tel un mantra, n’en fait pas une vérité absolue, d’autant plus que rien dans leurs discours ne vient étayer une telle désinformation indigne de leur carte de presse.
Notre syndicat des Cochers Chauffeurs a activement participé aux travaux sur notre profession en 2014 durant plusieurs mois avec un député socialiste, M. Thomas THEVENOUD. Ce député, mandaté par le gouvernement, a regretté avec la CGT l’absence de réelles études et statiques sur notre profession. Donc si vous avez des informations que nous ignorons, sur le taxi à Paris, en France mais aussi dans le monde puisque vous vous référez à d’autres pays, nous serions ravis d’en prendre connaissance.
Nous vous invitons également à vous rapprocher de vos concitoyens taxis, car oui, il reste un peu de chauffeur de taxi dans la capitale malgré le coût exorbitant des loyers parisiens. Nous vous invitons à venir passer une journée avec un chauffeur et vous vous rendrez compte un peu de la réalité et de la dureté de notre métier. Vous comprendrez peut-être que 80% de notre temps est passée à attendre soit en station (quand elles ne sont pas occupées par des particuliers ou quand elles ne sont pas surchargées de taxis), soit dans une circulation saturée. Vous prendrez alors sans doute conscience que les chauffeurs de taxis, qu’ils soient salariés, locataires ou artisans, doivent accumuler les heures au-delà du raisonnable pour des revenus modestes.
Cela serait l’occasion de revenir sur les raisons de la limitation de notre nombre en 1937 afin de préserver un service au public de qualité tout en maintenant un équilibre économique, l’un n’allant pas sans l’autre.
Nous vous démontrerons que votre affirmation est ô combien réductrice puisque vous ne semblez analyser la question complexe de l’adéquation entre l’offre et la demande que sous l’angle simpliste de la quantité de taxis. Cela est plus compliqué, monsieur le Maire, et, nous vous attendons pour en débattre afin, nous le souhaitons, d’éviter ce genre de déclarations à l’emporte pièce indigne d’un élu local.
Nous aurions apprécié par contre cette même éloquence concernant le développement de transport clandestin et de faux covoiturages dans Paris qui mettent en danger vos administrés. Ce développement du travail dissimulé au sein même de la capitale, dans des systèmes organises par des start-up ou des multinationales sous couvert d’économie collaborative, sont une véritables insulte au lois et aux valeurs républicaines. Qu’avez-vous fait pour protéger vos administrés de ce danger monsieur le Maire, pour lutter contre cette fuite des cotisations sociales et contre l' »optimisation fiscale » dont abusent ces sociétés ?
Dans l’attente d’échanger afin de comprendre les motivations d’une telle déclarations, nous vous prions d’agréer Monsieur le Maire, nos sincères salutations.
Pour la CSCC CGT-Taxis,
Un secrétaire : Karim ASNOUN