La CGT-Taxis réaffirme à la DGCCRF son opposition à la suppression de la prise en charge

La prise en charge est un élément fondamental du revenu des chauffeurs, qu’ils soient salariés, « locataire gérant » ou artisan. Sa suppression ne pourra pas être compensée au vu de son importance (10 à 20 % de perte de chiffres d’affaires selon le mode de travail). La précarisation du revenu des chauffeurs de taxi ne constitue pas, pour la CGT-Taxis, une voie de modernisation. Malheureusement, depuis plus de dix ans, les décisions successives de l’administration n’ont fait qu’aggraver la situation économique des chauffeurs de taxi.

Mail envoyé à la Cheffe du bureau Transports, tourisme et secteur automobile chez DGCCRF – Ministère de l’Économie (également à la Préfecture de Police)

Paris, le 1er octobre 2019

Objet : suppression de la prise en charge (taxi)

Madame Tailliez,

La CGT-Taxis tient à vous faire part de son opposition à la suppression de la prise en charge dans la tarification des taxis.

Cette suppression a notamment été évoquée dans vos locaux par certains, lors d’une réunion prétendant « moderniser » les tarifs taxis, le 14 mars dernier. Cette proposition a de nouveau été abordée lors d’une réunion à la Préfecture de Police, le 23 septembre 2019.

La prise en charge est un élément fondamental du revenu des chauffeurs, qu’ils soient salariés, « locataire gérant » ou artisan. Sa suppression, vous le savez, ne pourra pas être compensée au vu de son importance (10 à 20 % de perte de chiffres d’affaires selon le mode de travail).

La précarisation du revenu des chauffeurs de taxi ne constitue pas, pour la CGT-Taxis, une voie de modernisation. Malheureusement, depuis plus de dix ans, les décisions successives de l’administration n’ont fait qu’aggraver la situation économique des chauffeurs de taxi.

Les taxis de France ont en effet déjà dû investir pour changer de lumineux et s’équiper d’imprimante. Nous avons ensuite subi la perte progressive de nos suppléments, ce qui constitue déjà une perte importante de nos revenus. Nous sommes ensuite devenus la seule profession, à notre connaissance, à laquelle on impose le paiement en carte bancaire sans montant minimum ! Comme si cela ne suffisait pas, la TVA sur notre chiffre d’affaires a augmenté en deux ans de 5,5 à 10 %, soit une augmentation de plus de 80 % ! Enfin, vous nous avez imposé la tarification forfaitaire, ce qui relève d’un non-sens quand on tient compte du contexte particulier de la région parisienne, tant en termes de densité (population, réseaux routiers) que des conditions de circulations saturées. Cela a évidemment généré de nouvelles pertes financières pour les chauffeurs.

Toutes ces mesures prisent sous le couvert de la modernité, mais, malheureusement, sans la réflexion nécessaire ni la prise en compte des avis des principaux intéressés, sont néfastes pour les chauffeurs, mais aussi au final pour nos usagers. Aujourd’hui, excédés de mettre trop de temps pour des courses aux montants sans rapports avec les temps de trajets, beaucoup de chauffeurs fuient les courses aéroports. Or, avant le forfait, ces courses étaient très prisées.

Votre argumentation dans ces décisions semble souvent se limiter à une comparaison avec les VTC. C’est une vision restrictive car, d’une part, ces mêmes VTC ne cessent de copier le taxi, et, d’autre part, sachez que même UBER applique une prise en charge systématique sur chaque course.

Nous vous demandons donc de bien vouloir nous garantir que vous comptez maintenir telle quelle est la prise en charge dans le taxi.

La CGT-Taxis vous demande également de mener rapidement des travaux pour revenir à un taux de TVA de 5,5 % en attendant l’adoption d’un taux définitif à 2,1 %. Le taxi est une profession à la tarification réglementée et un acteur majeur du désengorgement des centres urbains. Il participe donc, à ce titre, à l’amélioration des conditions sanitaires de nos villes polluées. Une TVA verte devrait s’appliquer à nos prestations pour les favoriser. Notre demande va dans ce sens.

Enfin, dans un souci de justice économique, nous vous demandons de mettre fin rapidement à la tarification forfaitaire dans le taxi. Celle-ci a en effet démontré ses limites dans des zones urbaines vastes et denses comme la région parisienne et elle ne permet pas une juste rémunération des chauffeurs. Les chauffeurs ne peuvent plus se permettre de travailler à perte ! Nous sommes équipés d’un taximètre intelligent qui permet de tarifer au juste coût chaque course puisqu’il intègre les variables distances et temps. Cela est la garantie d’un juste prix, tant pour le client que pour le chauffeur. C’est d’ailleurs encore une fois ce modèle qui est copié par les grandes start-up du VTC.

Sans réponses de vos services sur ces questions, nous serions contraints d’envisager tous modes d’actions pour défendre nos revenus et ainsi la qualité de service.

Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, Madame Tailliez, nos sincères salutations.

Pour la CSCC CGT-Taxis,

Un secrétaire : B. BELOUCIF