La commission du taxi parisien 2018, nouvelle formule mais vieille recette!

La commission taxi nouvelle formule s’est réunie le 21 juin dernier. Cette nouvelle formule ressemble fortement à l’ancienne. C’était prévisible quand on sait que les chauffeurs de taxi n’ont toujours pas la possibilité d’élire leurs représentants dans cette commission. Le résultat est donc le même qu’auparavant et le rôle essentiel de cette commission depuis 2002 (création de l’index économique) semble se réduire à déséquilibrer chaque année un peu plus le taxi parisien en augmentant sans cesse le nombre de taxi. Cette commission, contre l’avis de la CGT, vient ainsi de valider la création de 600 nouvelles licences qui devront être délivrées dans les prochains mois ! Faut-il rappeler que nous ne disposons toujours pas d’indicateurs fiables sur la santé économique du secteur ? Faut-il rappeler que nous sommes confrontés quotidiennement à des contrefaçons de taxis en nombre illimitées ?

Intervention des Cochers Chauffeurs CGT-Taxis lors de la commission taxi du 21 juin 2018

Précision : l’ordre du jour est à l’initiative de la Préfecture de Police

  1. Communaux

[Sur l’idée d’agrandissement de la zone du taxi parisien (inclusion des taxis communaux 92/93/94)]

« Sur les taxis communaux, nous avons aussi des syndiqués qui viennent de ces communes, c’est vrai qu’il faut réfléchir à ce que sera notre futur, mais c’est un problème pour certains taxis communaux qui ont créé leur clientèle dans leur commune, nous avons évoqué lors de la dernière réunion les taxis de St Cloud par exemple, mais cela peut être le cas d’autres taxis communaux qui n’ont pas envie de voir arriver des milliers de taxis parisiens. »

[La CGT-Taxis évoque le tri des taxis communaux à Orly]

« Le deuxième point à évoquer est que face à une concurrence que les taxis jugent déloyale, nous demandons continuellement aux forces de l’ordre d’appliquer les textes. Or, sur Orly, le taxi n’est pas forcément exemplaire et notamment les taxis communaux qui mettent en place un système de dispatche qui constitue pour notre organisation un système de tri et plus ou moins de racolage. La frontière entre le dispatche qui est mis en place par les taxis communaux et le racolage est limite dans la mesure où les personnes qui assurent ce service indiquent aux voyageurs que le taxi pour Paris ce sont les parisiens, or les taxis parisiens ce sont aussi les 80 communes et libre à la clientèle de choisir son mode de transports, si elle veut un taxi parisien pour aller à Versailles, c’est son droit. Il y a une orientation forcée qui nous gène et qui ne correspond pas aux textes. Nous aimerions qu’il y ait un travail en concertation sur ce point.

Je comprends la volonté des communaux d’assurer leurs défenses mais nous en parlerons au point 2 (point sur les aéroports), mais il ne faut pas que cela se fasse en contradiction avec les textes. »

  1. Point sur les aéroports

« En début d’année 2018 on a constaté l’effort qui a été fait sur Orly avec la mise en place d’un nouveau service de boers. Malheureusement, nous avons aussi constaté que cet effort s’est estompé dans le temps. Nous ne remettons pas en cause le travail de vos effectifs mais peut-être ont-ils été mobilisés sur d’autres problèmes. Quoi qu’il en soit, le constat que l’on fait est que nous sommes revenus à la situation de l’année dernière.

Pour nous, il manque de moyens et de forces sur le terrain, que ce soit à Orly ou à Roissy, car le phénomène du racolage perdure, se développe même dans certains terminaux selon les heures etc. Donc la situation n’est pas satisfaisante, il faut qu’il y ait des choses qui changent à ce niveau.

Au niveau des infrastructures, ce qui va compliquer le travail des forces de l’ordre et ce que nous dénonçons depuis des années, c’est qu’ADP n’est pas du tout à l’écoute des propositions des professionnels du taxi. C’est notamment le cas quand sur Charles de Gaule il éloigne la base arrière à plus de 8 km du terminal 1 alors qu’Il avait déjà des difficultés à assurer la bonne desserte des terminaux avec l’ancienne base. On a des creux dans les zones de chargement où l’on a des clients qui sont en attente et des taxis qui sont soient en attente, soient bloqués dans les bouchons puisqu’il n’y a aucune voie dédiée pour rejoindre les terminaux. Nous dénonçons cette gestion d’ADP car quand il y a un vide au niveau des stations de taxis, les racoleurs savent très bien profiter de ces opportunités qui sont créées. »

[Sur un retour des gilets bleus évoqués par M. Marchand Lacour, sous-préfet chargé de mission auprès du préfet délégué pour la sécurité et la sûreté des plates-formes aéroportuaires de Paris – Charles-de-Gaulle et du Bourget, auprès du préfet de police].

« Comme la Gescop nous pensons que ça n’est pas aux chauffeurs de taxis de faire soit l’accueil, soit la sécurité. Nous avons eu l’expérience d’une première convention « gilets bleus » qui a très mal tourné puisqu’il y a eu de nombreux blessés, il y a eu également des dérives du système mis en place. Nous estimons que c’est évidemment à l’État mais aussi au gestionnaire de la plateforme, ADP, comme cela existe sur d’autres aéroports dans le monde, de mettre en place et d’embaucher car il y a là un gisement d’emplois, afin de créer des services de vigiles. C’est vrai qu’il ne faut pas des hôtesses d’accueil, c’est physique. Il faut éventuellement des gens assermentés qui puissent faire appliquer la loi dans les terminaux pour mettre les passagers en sécurité. Les passagers qui arrivent dans les aéroports sont choqués, ce sont eux qui nous remontent ces informations quand ils montent dans nos véhicules. »

« Pour finir, sur le forfait, la CGT s’est toujours opposée sur le forfait. Il avait été promis oralement un engagement non-écrit-sur des couloirs or il n’y a aucun couloir. La situation est qu’aujourd’hui beaucoup de chauffeurs, notamment le soir, font des trajets de 1 h/1h30 pour rejoindre le centre de Paris, ils travaillent en fait à perte.

Nous ne sommes pas satisfaits de ce système de forfait qui peut s’appliquer dans certaines agglomérations qui n’ont pas les mêmes densités de circulation et de populations qu’à Paris, c’est ce que nous disions déjà à l’époque.

Nous vous demandons donc Monsieur le Directeur de remettre ce chantier sur la table car ça n’est pas possible d’interdire aujourd’hui les chauffeurs de taxis de travailler aux compteurs alors que les VTC peuvent tarifer comme ils le souhaitent. Travailler au forfait pour nous c’est une régression. »

  1. Index économique et ADS (autoristion de stationnement)

[ Index économique +3,35 % = +600 nouvelles ADS]

« La CGT votera contre toutes créations sur la base de cet indice pour les raisons notamment évoquées par M. Quenet [Sous-directeur des déplacements et de l’espace public]. Cet indice ne reflète pas pour nous la santé du secteur car, ce que nous constatons, c’est qu’aujourd’hui comme hier un chauffeur de taxi doit faire des semaines inhumaines de 60 à 70 heures. Aujourd’hui même il doit faire des semaines inhumaines, très difficile à tenir sur le long terme, quel que soit son statut.

Cet index ne prend donc pas en compte cette réalité, la réalité des revenus, la réalité du temps de travail, la réalité des nouvelles mobilités. Nous avons évoqué tout à l’heure le Grand Paris, nous savons très bien qu’il va y avoir des liaisons express qui vont relier Paris aux aéroports, tout cela n’est pas pris en compte dans cet index. Cela fait des années que nous proposons à la préfecture de revenir sur cet index, nous n’avons jamais été entendus.

Le résultat est qu’aujourd’hui nous arrivons à une création de 600 licences alors que les personnes autour de cette table doivent savoir que toutes les licences de taxis parisiens aujourd’hui ne sont pas exploitées. Les représentants des entreprises parlent d’un manque de chauffeurs, or nous avons nombre de cartes professionnelles en préfecture d’environ 30 000 en préfecture et il y a 18 000 autorisations. C’est qu’il y a donc beaucoup de chauffeurs qui ne veulent plus faire le taxi dans les conditions qu’on leur impose.

Il y a donc des licences qui ne sont pas exploitées dans les entreprises, la CGT a proposé et vous propose de nouveau de faire le point sur les licences non exploitées afin de les récupérer et de les distribuer aux chauffeurs qui sont sur liste d’attente.

Mais il n’est pas responsable de créer comme cela 600 nouvelles licences alors qu’on ne maîtrise pas du tout les paramètres économiques et sociaux du secteur et alors que nous sommes face à un secteur sur lequel vous n’avez aucune mainmise qui a été développé en parallèle, à savoir les VTC, aujourd’hui l’état n’a aucune emprise par exemple sur le nombre de VTC.

On l’a bien vu avec les dérives initiées par les plates-formes en 2015 et 2016 lorsqu’elles sont passées à l’utilisation de chauffeurs LOTI, c’est-à-dire des chauffeurs uniquement avec le permis sans aucune qualification, on a atteint des milliers et des milliers de voitures noires dans Paris qui étaient illégales, mais nous savons aussi également que l’État n’est pas en mesure de contrôler les VTC qui font aujourd’hui ni plus ni moins que du taxi.

Pour toutes ces raisons la CGT vous demande de surseoir à cette mesure et de mettre effectivement en place un groupe de travail pour mettre en place un index pertinent. »

Vote sur la création de 600 nouvelles licences : 7 votes POUR et 3 votes CONTRE

(L’administration n’a pas pris part au vote)

La CGT-Taxis a voté contre la création de ces 600 nouvelles licences.

  1. Doublage

[La Préfecture s’interroge sur l’opportunité de créer des doublages]

« Pour la CGT le doublage avait son sens quand les sociétés exploitaient les chauffeurs sous le statut salarié, système qui n’existe quasiment plus dans le taxi, et comme la création d’un doublage constitue de manière virtuelle la création d’une nouvelle licence avec contrainte horaire, puisque le doublage était censé assurer la présence des taxis la nuit, nous sommes opposés à la délivrance de nouveaux doublages.

Car si la préfecture estime qu’il manque de taxi la nuit, c’est qui n’est pas notre position, nous préférerions alors que ce soit des licences qui soient distribuées aux chauffeurs sur listes d’attente plutôt qu’à des entreprises où à des artisans car nous savons pertinemment que cela se finira avec des dérives sur l’exploitation, du faux salariat, tout ce que l’on constate aujourd’hui.

Il faut savoir qu’auparavant, un règlement préfectoral imposait aux entreprises de taxi d’avoir au moins six licences pour pouvoir les exploiter car il n’y a pas de viabilité à ce qu’un artisan exploite un chauffeur sur sa licence et encore moins sur une moitié de licence.

Pour toutes ces raisons de viabilités économiques mais aussi de justice pour les chauffeurs qui sont sur liste d‘attente nous sommes contre les doublages tels qu’ils existent aujourd’hui. »

La commission suspend à l’unanimité la délivrance des doublages.

  1. Questions diverses
  • Chevilly Larue : la Préfecture de Police ne souhaite plus assurer le contrôle technique des taxis parisiens

« Pour la CGT, nous sommes pour le maintien du garage de Chevilly Larue, la CGT est attachée au service public, et le garage de Chevilly Larue participe en cela au service public et à la différenciation du taxi parisien par rapport aux autres acteurs privé du transport.

La comparaison du taxi parisien avec les autres taxis de France ne semble pas pertinente dans la mesure où nulle part ailleurs en France il y a une telle densité de véhicule taxis, c’est donc difficilement comparable.

Chevilly Larue n’est pas parfait, il peut y avoir des problèmes de délais mais ça n’en reste pas moins pour nous en tant que service public, une garantie de probité dans les contrôles effectués. Nous sommes donc favorables à son maintien avec bien sûr les investissements nécessaires au bon fonctionnement de tout service public. »

La commission décide que les taxis parisiens passeront désormais le contrôle technique obligatoire dans le privé.

Vote : 11 POUR, 5 CONTRE et 2 ABSTENTION

La CGT-Taxis a voté contre la privatisation du contrôle technique.

  • Lumineux noirs (demande d’un acteur du taxi)

« La CGT est attachée à l’unicité de la couleur du lumineux, notamment au blanc pour une raison de visibilité. Nous avons une clientèle de passage qui ne connaît pas forcément les codes et les usages du taxi, si on multiplie les couleurs des lumineux cela va créer un problème de lisibilité et de compréhensions, nous sommes donc défavorables à cette proposition. »

Le lumineux noir est refusé par la commission

Vote : 1 pour, le reste contre

La CGT-Taxis a voté contre l’autorisation d’un lumineux noir.

  • Point abordés par la CGT-Taxis :

Stations de taxis

« Sur la politique de la mairie de Paris [il a été évoqué par d’autres organisations le problème des stations] nous demandons à notre autorité de tutelle de nous soutenir sur les nombreux points de désaccord que nous avons avec la mairie sur les stations.

Sur la station de taxis rue de Chazelles/boulevard de Courcelles par exemple un parking de moto a été mis entre la borne et la tête de station qui a été reculée, nous perdons donc en visibilité.

Cela fait des mois que nous avons signalé la disparition de la station place du Tertre, on nous a répondu il y a un an que c’était provisoire et aujourd’hui toujours rien, on ne peut pas travailler sur ce rythme.

Il y a la station devant le Crillon qui n’a pas été remise après les travaux etc. Il y a plein de problèmes où nous aimerions avoir le soutien de la Préfecture puisque effectivement la Mairie prévoit une réunion le 6 juillet mais cela ne suffit pas. »

Maraude électronique

« Le deuxième point est une question fondamentale qui nous oppose à la concurrence des VTC qui sont pour nous aujourd’hui des contrefaçons de taxi. Ils sont toujours en situation de maraude électronique, aujourd’hui, est-ce que les services de contrôles ont les moyens et les outils pour constater les situations de maraude électronique et  ont-ils la possibilité d’entamer des procédures contre les plateformes ? Car il y a la responsabilité des chauffeurs et la responsabilité des plateformes. »

Macaron VTC

« Sur les macarons VTC, il a été créé pour être inamovible, pour ne pas être décollé, pour ne pas être prêté, il est donc censé être collé sur le pare-brise, on voit bien qu’aujourd’hui la majorité de ces macarons ne sont pas collés voir absents, il n’y a aucune carte professionnelle ou très peu, nous sommes étonnés de voir tout cela.

Je finirai en citant cet exemple extrait d’un article de presse sur des contrôles effectués sur la gare de Disneyland, sur 40 véhicules VTC contrôlés, trente étaient en infractions ! Ça n’est donc pas une impression, ça n’est pas une vue de l’esprit, une grosse partie des VTC est en infraction. »