ADP : le rentier s’enrichit mais les aéroports se dégradent !

La société qui gère les deux aéroports parisiens, Aéroport de Paris (ADP) engrange des profits faramineux. ADP a déclaré ainsi en 2017 un bénéfice net de 571 millions d’euros, soit un bond de 31 % par rapport à l’année précédente. Il apparaît clairement que ces profits se font aux détriments du service offert par ADP tant aux passagers qu’à ses prestataires, dont les taxis. ADP doit investir pour que les aéroports parisiens cessent d’être des zones de non-droit où des touristes se font détrousser en masse et où les taxis perdent leur temps et se font voler leurs clientèles par des transporteurs clandestins.

Courrier de l’ensemble des organisations syndicales TAXI au Président-Directeur Général d’ADP

 

N/Réf : 82/KA

M. Augustin De ROMANET

P.D.G. d’Aéroports de Paris

Bâtiment Siège

1 rue de France

93290 TREMBLAY EN FRANCE

Paris, le 17 décembre 2018

Objet : taxis et aéroports parisiens

Monsieur le Président,

Nous tenons à vous signaler les dysfonctionnements graves que rencontrent les chauffeurs de taxi et leurs clients sur les plateformes de Charles de Gaulle ainsi que d’Orly.

Malgré de nombreuses réunions, force est de constater que les problèmes se multiplient, donnant une piètre image de la France et de sa capitale pour des voyageurs souvent décontenancés par une organisation indigne.

Racolage

Le premier problème, tant à Roissy qu’à Orly, est la multitude des racoleurs dans les aérogares qui interpellent voire agressent les voyageurs. Les clients qui n’ont pas osé refuser se voient ensuite souvent escroqués par ces « transporteurs » peu scrupuleux.

Vous comprendrez dès lors qu’en termes d’accueil, nos visiteurs sont en droit d’attendre beaucoup mieux. Ils existent pourtant de multiples solutions dans les aéroports du monde entier mais votre société ne semble pas vouloir investir afin d’éradiquer le phénomène. Il en est évidemment de la responsabilité des pouvoirs publics mais ADP à son rôle à jouer. Vous pouvez en effet, Monsieur le Président, renforcer l’action des forces de l’ordre par l’organisation de vos services et par les moyens que vous mettrez en place. ADP se doit d’être acteur pour éviter ces situations illicites et dangereuses pour nos passagers.

Pourquoi ne mettez-vous pas un véritable service d’accompagnement de nos clients comme il en existe dans de nombreux aéroports ? Pourquoi ne mettez-vous pas en place un véritable service de sécurité et d’accueil comme cela se fait dans d’autres types de transport ? Nous pensons par exemple au Groupe de protection et de sécurisation des réseaux (GPSR) de la RATP créer en 1994. Un tel service permettrait de soulager les effectifs de police tout en assurant en permanence la protection, l’assistance et la sécurité des voyageurs et du personnel travaillant sur les plateformes.

Nous vous demandons Monsieur le Président la mise en place d’un service du type GPSR dans tous les terminaux au vu de la situation intolérable qui règne dans les aéroports parisiens.

BAT et répartition des flux

La création des bases arrière-taxis (BAT) a créé des situations inédites auparavant puisque parfois ce sont les clients qui attendent les taxis ! Il est en effet fréquent que les sociétés sous-traitantes d’ADP, GIMAS sur Charles de Gaulle et CITYONE sur Orly, ne remplissent pas leur mission de manière satisfaisante, notamment dans la répartition des taxis.

Il y a une difficulté récurrente pour ces sociétés d’adapter l’offre de taxi à la demande. Il n’est pas acceptable que nos clients en station attendent de dizaines de minutes sans voir un taxi alors que des centaines de taxis sont en attentes dans la BAT où dans une zone tampon sans activité. C’est une situation fréquente et récurrente qui ne peut plus durer et qui favorisent les pratiques illicites des racoleurs. Certains chauffeurs allant même se demander si ces ruptures ne sont pas créées sciemment à ces fins. À l’heure où l’on évoque sans cesse les datas, il conviendrait qu’ADP se modernise enfin.

Nos organisations ont dénoncé dès la présentation de ces BAT le risque de rupture entre les taxis et les clients dans la mesure où ces BAT sont éloignés des terminaux, mais aussi du fait de l’absence de voie réservée aux taxis entre la BAT et les terminaux.

Le second problème entraîné par ce manque de fiabilité dans la gestion des flux de taxis concerne leur recyclage puisque certains se retrouvent dans un terminal sans clients. Aujourd’hui, rien n’est prévu pour ces chauffeurs qui ont suivi les instructions de vos prestataires et qui pourtant ne trouve pas de passagers en zone de charge.

ADP est à l’origine de la création des BAT. Les taxis, Monsieur le Président, n’ont jamais demandé à être écartés des terminaux. Vous devez, pour les taxis et bien sûrs pour nos clients communs, tout mettre en œuvre pour que ces situations ne se reproduisent plus.

Sur le site d’Orly, nous préconisons l’installation d’écran dans la BAT relié à des caméras sur les zones de prises en charges de l’Ouest et du Sud. Les chauffeurs seront ainsi libres de se déterminer pour choisir leur zone de charge selon les besoins constatés de visu en temps réel dans chaque aérogare.

Sur chaque aéroport il faut absolument la mise en service de voie réservée aux flux de taxis avec également la mise en place d’un système de contrôle vidéo sur chaque base. L’installation d’écran et/ou un site internet fournissant les informations indispensables aux professionnels que sont les taxis devra aussi être envisagé (nombre de vols, nombre de passagers par avion, heure d’arrivée, temps d’attente prévisionnel sur la base,…).

De manière générale nous vous demandons de manière urgente la mise en place d’un véritable plan taxi tenant compte des demandes des chauffeurs visant à assurer la continuité du service taxi sur les plateformes aéroportuaires.

Le mauvais classement de Charles de Gaulle dans le classement de référence des aéroports mondiaux, le Skytrax World Airport Awards, (de la 32e en 2016 à la 37e place en 2017), démontre qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer nos aéroports. L’accueil de nos passagers et leur accompagnement en sécurité vers des taxis participeront sans aucun doute à améliorer le ressenti des voyageurs et mettront fin à ce sentiment d’insécurité qui domine aujourd’hui dans les terminaux.

Sans prise de conscience de l’urgence de la situation, nos organisations syndicales envisageront tout type d’actions afin d’une part de faire valoir nos droits et d’autre part afin que nos clients soient véritablement considérés. C’est pourquoi Monsieur le Président, nos organisations vous demande de reprendre en main le dossier TAXI.

Dans l’attente de vous rencontrer, veuillez agréer, Monsieur le président, nos sincères salutations.

Liste des signataires : CFDT Taxis, Cochers Chauffeurs CGT-Taxis, Élite Taxis, Gescop, FTI 75, FO UNCP Taxi, SDCTP, Sud Taxi, Taxis de France et UNT Parisiens.

Pour les signataires,

K. ASNOUN

Copies : Monsieur Antoine Pellion, conseiller transport à l’Elysées, Premier ministre, ministère des Transports, M. Edward Arkwright (ADP), Préfecture de Police de Paris.