Le sénat a violé la proposition de loi Grandguillaume !

Le sénat, comme en 2014 déjà, s’est comporté comme le meilleur défenseur des « pauvres » plateformes millionnaires voire milliardaires. Ces sénateurs LR et UDI ne reculent devant rien et ont été le bras armé des plateformes pour détruire les quelques règles qu’avait osé leur imposer le député Grandguillaume dans sa proposition de loi sur le transport particulier de personne. Ces sénateurs ont tout simplement fait le choix de priver l’État de se doter de moyens de contrôles efficaces contre ces entreprises qui se sont spécialisées dans le contournement des lois (voire les nombreuses condamnations d’Uber en cours).

Ces sénateurs, comme Capo-Canellas (UDI) en 2014, font bien la démonstration qu’ils ne sont pas aux services du peuple mais bien de quelques patrons de plateformes peu scrupuleux des désordres sociaux et économiques qu’ils créent. Ce qui ressort en effet de ce méticuleux travail de destruction massive c’est que ces sénateurs ne se soucient à aucun moment du sort des chauffeurs-esclaves de ces plateformes. Il est en effet avéré aujourd’hui, même par les médias libéraux, que ces chauffeurs ne peuvent pas s‘en sortir et plafonnent pour la plupart à 4 € de l’heure avec des journées à rallonges de 15 heures. Pourquoi ces sénateurs occultent t-ils cette triste réalité sociale ?

Du taxi, n’en parlons pas, ils ne savent même pas que nous existons ! Que les (rares) salariés taxis ne s’en sortent pas avec des paies souvent inférieures au SMIC ? Ça, ce n’est pas leur problème ! Que nous n’arrivions pas à payer nos locations taxis ? Ça ne les regarde pas ! Que nous n’arrivions plus à payer nos crédits de licences issus d’un système légalisé en 1995 par un de leur maître à penser (Charles Pasqua) ? Peu leur importe ! S’ils évoquent les taxis c’est pour nous présenter une description erronée et honteuse qui voudrait faire croire à l’opinion publique que nous sommes des privilégiés. Or, si nous avons bien un point commun avec les chauffeurs des contrefaçons de taxis, c’est celui d’être issus des mêmes quartiers, de la même origine sociale.

Ces sénateurs refont simplement le même coup qu’en 2014 en servant des amendements qui semblent tout droit venir non pas de leurs réflexions personnelles d’élus, mais directement des cabinets d’avocats d’Uber et compagnies. C’est d’ailleurs ce qu’accrédite l’émission « Tout compte fait » (France 2) du 15 octobre dernier où le journaliste mettait dans l’embarras le député UDI Philippe Vigier en lui faisant remarquer que ces amendements avaient été en fait livrés « clefs en mains » par Uber !

C’est exactement ce que nous pensions lorsque le sénateur Capo-Canellas avait en partie détruit la loi Thévenoud avec son amendement du « contrat final ». Devant les patrons de plateformes qui se gargarisaient qu’un tel amendement réduise la loi Thévenoud à pas grand-chose, Capo-Canellas reconnaissait ne pas comprendre les interprétations des plateformes ! C’était pourtant clair pour tout le monde sauf pour l’auteur le dépositaire de l’amendement ! Est-ce cela l’esprit de la démocratie ?

Et maintenant ? Il y a fort à parier que le sénat validera les 2 et 3 novembre prochains cette mouture du texte dénaturée. Il restera l’assemblée nationale et là chacun d’entre nous aura son rôle à jouer en contactant son député. Car c’est l’assemblée qui aura le dernier mot et il faut absolument que les députés modifient la version de la proposition de loi vidée de son sens par le sénat. Heureusement, le député Grandguillaume semble déterminé à rétablir le texte initial. Il est cependant impératif et pertinent que partout en France les chauffeurs aillent demander des comptes aux permanences des partis LR et UDI sur leur étonnant et surprenant parti pris. Nous n’avons pas des millions d’euros à dépenser dans cette intense opération de lobbying. Les plateformes, nous venons de le voir, s’y sont livrées avec un grand succès auprès de certains élus. Mais, malgré notre modeste mais honnête condition, nous sommes des dizaines de milliers à pouvoir agir pour rétablir nos droits.